Tahiti - jour 13
Voilier - jour 5
On repart ce matin ! On range toutes les affaires pour que rien ne dépasse, la météo est toute pourrie, cey super.
La veille, j’ai discuté avec Josselin pour lui parler de mes symptômes et soupçons de potentiel covid. Il n’a pas l’air complètement serein donc la veille je me suis masquée, et ce matin on va faire un crochet par une pharmacie. Crochet un peu acrobatique car on ne descend pas l’annexe pour le faire : on part du milieu de l’île pour repartir par le nord où se trouve aussi la pharmacie, et donc on missionne quelqu’un pour sauter directement du nez du voilier sur le ponton, et aller acheter des auto-tests polynésiens (avouez-le, vous êtes jaloux).
On remonte sur le bateau, je fais direct mon premier test et le résultat est négatif. Je prévois d’en faire un second pour confirmer le résultat mais on est sorti de la passe et la houle est incroyablement forte, on est sur des creux de vagues de 2 à 3m de haut.
Comme je sais hyper bien choisir mon timing (bof), j’en profite pour refaire le point sur la discussion houleuse d’hier soir. J’indique à l’intéressé que je n’ai pas trouvé OK la façon dont il m’a parlé et coupé la parole hier, et que ça me dérange. Voici une reproduction inexacte du reste de la discussion :
- Je ne vais rien dire, je vais laisser ta mère parler à ma place parce que… (notez la subtile façon de faire gérer la situation émotionnelle par sa meuf plutôt que de me parler en direct)
- (Moi) Mais je ne vois pas pourquoi, c’est une discussion qu’on a eu tous les deux et qu’on peut régler tous les deux. (je répète les 2 sujets qui m’ont gêné, le ton et la façon de me couper la parole)
- Ah oui tu trouves que je t’ai mal parlé ? On peut aussi parler de la façon dont tu parles à ta mère (vous noterez le subtil changement de sujet sur un sujet qui n’a RIEN à voir avec le schmilblik)
- (Moi) Je ne vois pas le rapport avec la situation
- (Ma mère) Oui j’étais pas trop à l’aise de le dire devant tout le monde mais des fois je trouve que la façon dont tu me parles c’est (embêtant/problématique) et donc, je pense que je suis ta maman et ce n’est pas une façon de parler à ta maman
[Notez comme ce reportage-carte postale a subitement dérivé en journal intime. Sentez-vous libre d’aller directement à l’article suivant si vous préférez :) ]
- (Moi) OK est-ce que tu veux que je t’explique pourquoi je te réponds parfois sèchement ?
- Oui
- [Explication un peu longue sur mon adolescence pourrie et une figure maternelle déficitaire]
- [Réponse expliquant pourquoi elle a été déficitaire] (je n’ai rien appris rassurez-vous, mention du décès de mon père et des complications qui ont suivies #MèreCélibataire )
J’ai tenté de recentrer le débat sur le fait que le sujet c’était mon expérience de cette époque et que je n’avais pas besoin de revenir sur celle difficile de ma mère car j’étais déjà (très) consciente de celà.
Je vous met pêle-mêle les autres choses dont je me souviens :
- “Oui mais moi je veux que la situation s’améliore mais j’ai l’impression qu’il y a un mur devant moi et je ne sais pas comment faire”
- “C’est à ça que servent les spécialistes comme les psys”
- [Je vois pas l’intérêt/J’ai pas envie] + “J’ai l’impression que si l’on fait des efforts chacun·e la situation va s’améliorer”
- [Moment d’énervement] Pardon mais j’aimerai bien savoir de quels types d’efforts tu parles car j’en suis à 4 ans de thérapie à une séance tous les 15 jours max, donc j’ai l’impression que les efforts, de mon coté, ils sont faits.
Pas mal de larmes de ma mère sur le fait que sa situation n’était pas facile.
Pas mal de recentrage sur le fait que ce dont j’ai besoin pour apaiser la colère, c’est du soin, ce à quoi on me demande de quoi je parle concrètement.
J’en ai profité pour lui glisser 2 mots sur ce qu’était la dissociation, je ne détaille pas, posez moi des questions en privé si vous en voulez (des détails).
La discussion n’aboutit pas, ma mère n’ayant pas l’impression de comprendre le souci (mais ce n’est pas la prmeière fois que je lui expose cette difficulté d’enfance-adolescence et que je ne me sens pas réellement prise en compte).
Bref, entre Tic et Tac qui ne m’écoutent pas et ne veulent pas comprendre ce que je leur dis, je suis bien énervée. Sans transition, la houle ne fait pas de pause, et je commence à me sentir très fatiguée et à avoir un peu le… mal de mer !
Je file me coucher, pleure un bon coup vu la situation excessivement énervante qui vient de se passer, essaie de m’endormir mais n’y parvient pas (qu’est-ce que ça tangue !). Ma soeur se réveille (mise KO par le cachet anti-mal de mer que je n’ai pas voulu prendre #Visl’ExpérienceAFond) et je lui raconte la session qui vient de se passer, entre 2 moments où je ferme les yeux pour gérer le mal de mer, un petit déjeuner qui a choisi de finir dans un seau, et la nécessité de se tenir au bord de la couchette tellement ça tangue !!
Le trajet a duré 5h, je suis restée furieuse tout du long, impossible de décanter. Une fois arrivé idem, je n’ai pas envie de les rejoindre en haut, je suis trop furax (au moins la thérapie a bien fait son taf coté “légitimer la colère”).
Ma soeur revient me voir pour me demander comment je me sens (en colère !), ma mère passe aux toilettes et me demande comment je vais et je lui dis que je suis… très en colère (quoi ? en tout cas ça la surprend). “Encore ?” me dit-elle, ben oui encore c’est une colère vieille de 20 ans donc oui, encore :p
Je fais mon second auto-test, négatif lui aussi (yeah ! enfin une bonne nouvelle), et ma soeur invite notre mère à discuter. Grande discussion ou EN-FIN j’ai l’impression que mon point est entendu, sûrement parce qu’il est validé par ma soeur mais enfin, on avance.
Ma mère reconnaît des torts (enfin), dit qu’elle n’a jamais appris à être une personne aimante parce que chez elle (comprendre chez ses parents) ça ne s’est jamais passé comme ça, pleure en disant qu’elle a été une mauvaise mère, bref la totale mais les informations passent enfin un peu. Vous faire tout dans le détail serait très long, mais l’essentiel est là, j’ai de la reconnaissance que la période était difficile pour moi, je peux dire clairement que je suis très en colère quand elle se plaint de ma façon de se comporter adolescente, bref il y a enfin de l’info qui passe et qui percute, c’était inespéré.
On fini par ressortir de la cabine, et on est posés juste à coté de la plage (alors que je me suis couchée en pleine mer, le contraste était rigolo !). Mais on doit se déplacer pour aller un peu plus loin, pas grave, on est juste à coté de la ferme perlière pour laquelle on prend rendez-vous demain.
On finit la journée à l’intérieur car il fait (encore) moche, beaucoup de lecture pour moi car je n’ai vraiment pas envie de jouer tant que la situation n’est pas finie d’être clarifiée avec l’amoureux de ma maman.
J’ai l’impression qu’il me boude, c’est pratique, mais au repas je finis par poser le fait que je ne comprends pas son comportement des différentes journées et que tant qu’il n’y aura pas d’explication claire, je me sentais en insécurité et ne voulais pas faire de choses particulières avec lui comme jouer par exemple. Il me répond qu’il est fatigué et ne veut pas en discuter, pas de problème moi je me sens bien contente d’avoir trouvé une façon de poser mes limites sans faire du travail émotionnel pour un mec de 60 piges, c’est déjà pas mal pour cette journée complètement brassante en terme émotionnels.
(J’avais glissé à la fin de notre grosse conversation avec notre mère que ça n’étais pas à elle de gérer la situation entre lui et moi, ce à quoi elle a répondu qu’elle ne comprenait pas sa réaction initiale. Ce à quoi ma soeur a glissé que ça aurait pris soin qu’elle le dise à voix haute :p )
Maintenant je file jouer avec ma soeur, les vieux jouent entre eux c’est tant mieux car j’avais un peu peur de me faire exclure des soirées jeu.
A plus !
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